Le 11 novembre

Certes le 11 novembre est la date de l’Armistice, étymologiquement le dépôt des armes (arma et stare) ce qui, pour les survivants est certes une bonne chose mais hélas sans assurance d’un avenir certain, la paix n’étant pas signée. Comme si dans un couple on arrêterait de se jeter la vaisselle à la figure pour faire l’amour à l’arrache, vite fait sur les débris car ça presse trop , mais que ce faisant vous vous enfonciez un grand morceau de soupière dans le dos, ce qui va générer une blessure profonde qui aura du mal à cicatriser, voire ne cicatrisera jamais et pire sous un kyste presque invisible va développer une sorte de cancer qui ronge le pourtour et le pourtour du pourtour jusqu’au jour où soudain tout explose sans avertissement préalable sauf que si, il y en eut des signes de fatigue mais que, trop occupé à vous occuper du prix du fuel vous n’avez rien vu.

Je vous vois vous dire que vous n’êtes pas disposés à entendre de tels amphigouris, je regrette il ne fallait pas me chercher, vous n’avez encore rien vu .

Ainsi, me promenant un jour dans un coin du monde, en l’occurrence la Namibie, que je considère comme mon jardin, non pas ce pays précisément mais le monde tout entier , moi qui, en tant que française blanche et présumée chrétienne ce que je ne suis pas mais ce n’est pas écrit sur ma figure, j’ai absolument le droit de parcourir du nord au sud et de l’est à l’ouest moyennant parfois l’obtention de visas, contrairement à une foule de gens mécontents de leur sort qui sans aucune autorisation ni préparation se lancent n’importe quand et n’importe comment à l’abordage de nos côtes pourtant réputées accueillantes, sans s’être renseignés au préalable s’il y avait des places au club med et de façon si maladroite qu’ils en mettent tout le monde dans la plus grande gêne. Ainsi, reprends-je, me promenant un dimanche dans une jolie et étrange ville du bord de l’Océan Atlantique qu’entre parenthèses je n’ imaginais pas descendre aussi bas sur le globe, car folle que je suis je ne crois que ce que vois, une ville appelée Swakopmund, (l’embouchure de la rivière Swakop, en allemand) , fondée par les allemands en 1892, reproduction fidèle d’une semblable bavaroise, avec ses jolies maisons de couleur son église modeste mais coquette, ses enseignes toutes germaniques, comme si un Santa Claus avait jeté du ciel une immense jeu de construction et que tout était retombé par miracle dans un ordre tout teuton, un spectacle à donner des hallucinations, une ville où tout était écrit en allemand,où tout le monde parlait allemand et où, surprise, un pauvre bougre qui faisait la manche m’a demandé 4 sous en allemand , je m’arrêtais devant un monument aux morts curieuse de tout, ma mère me l’a souvent reproché , et lisant sur le marbre les noms des morts pour la patrie (et laquelle du coup?) j’avisais les dates des séismes, 14/18, 39/45 ça alors que je me dis, les mêmes que chez nous. Il avait fallu que je franchisse le tropique du Capricorne (ascendant bélier si ça vous intéresse) région désert de Namib pour réaliser que nos morts avaient leurs pendants, si j’ose dire, bien qu’il n’aient pas été tous pendus, loin s’en faut, mais plutôt, broyés, explosés, assassinés, fusillés ou tout simplement tués par une sale mine ou même une sale maladie chopée dans les tranchées , loin des chez eux, de leur mère qui aurait pu les soigner de leur père qui les auraient protégés, de leurs frères qui les auraient entraînés dans la fête, de leurs sœurs qui leur auraient présenté leurs amies, de leurs grands pères qui leur auraient raconté la dernière guerre, de leurs grand-mères qui leur auraient tricoté des écharpes bien douces.

Non, je ne vois pas mon Grégoire de 20 ans, si beau si blond ,geek à mort, planté nuitamment devant des jeux sur internet, dont le moindre des avantages n’est pas qu’il y apprend l’anglais et bientôt le japonais avec ses adversaires, comme il m’en fit la révélation un jour que j’insistais pour qu’il m’accompagne au grand air, je ne le vois pas transformé en soldat de plomb et partir à la guerre pour en prendre, du plomb à travers sa chair si tendre, non plus mon Valentin de 19 ans et son frère Alexandre de 17,si bruns, si beaux enfants pétris de l’amour de tous, je ne les vois pas partir et ne pas revenir. Car ces guerres vous durent longtemps on a le temps d’espérer et de désespérer, d’attendre le facteur et de pleurer, de souhaiter de toutes ses forces une annonce féerique qui soudain mettrait fin au cauchemar.

Et merci pour la consigne lancée par un paresseux à cours d’idées, croyais-je. Et qui m’a valu un tour du côté obscur de la force, ah ah . C’est à dire la signification des nombres. J’y appris que les nombres 11 et 22 (soit le 11 novembre, 11X2) représentent des maîtres nombres. Le 11, la force de l’idéal accompagné d’un grand magnétisme, et le 22, puissante énergie et fort rayonnement gêné par des troubles psy, voilà voilà vous en faites ce que vous voulez mais sachez toutefois que vous ne pouvez faire sans, mécréants que vous êtes. Par exemple si vous surprenez votre pendule affichant 3h33, sachez que vous devriez prendre une décision immédiate concernant ce que vous étiez en train de penser présentement , donc si vous vous demandiez quoi faire à manger pour ce soir, vous devez vous précipiter sur le frigo et vous faire cuire 2 œufs dans l’instant sous peine de gros souci subséquent, ce n’est qu’un exemple, remerciez moi. Poursuivons, si plus tard, par le plus grand des hasards vous vous trouvez au feu rouge à attendre derrière une voiture immatriculée DS999 PQ, c’est un signe des anges, oui oui le 999 étant là pour vous féliciter de votre décision . Vous avez fait le bon choix, elle est pas chouette la vie ?

Par ailleurs, et pour la première fois depuis mon âge adulte, donc assez récent, je vous le concède, je me penche sur l’enchaînement des événements à l’origine de la disparition de 18,6 millions d’être vivants de la surface de la terre, puisque par la même opération sont passés du mauvais côté du gazon, presque autant de civils que de militaires, donc presque autant de patronymes non répertoriés sur le marbre des places publiques .

Il était une fois , un jour de juillet comme un autre, un archiduc qui voulut se promener avec sa dulcinée, il refusa le tour en chebec que lui proposait ses hôtes au prétexte que cette embarcation n’était pas sûre et choisit une calèche tout droit sortie des ateliers Wolksvagen. Ce qui permit à un lointain ancêtre de Ben Laden de les trucider tous les deux juste en montant sur le marchepied, ce qu’il n’aurait pu faire avec un bateau même réputé peu sûr. Par un jeu de copinage un peu exagéré, on vit presque tous les pays du continent rejoindre derechef leurs copains en vue d’ un coup de main . Tiens ça faisait un bail qu’on avait pas rigolé entre hommes, et si on faisait la guerre ? Tout le monde était partant.

Et voilà 6 millions d’hommes sous les drapeaux en un tour de main, ça fait beaucoup de drapeaux quand même non ? Et tout de suite l’Allemagne attaque la Belgique et la France, très fort, c’est pas trop de jeu pense Joffre qui prend sa retraite sur le coup pendant qu’on installe un grand camping depuis la Mer du Nord jusqu’aux Vosges , sans penser à l’hiver . Du côté de la Turquie on est jaloux , on se fritte sérieux du côté des Dardanelles, le nom plaît beaucoup, et puis les Italiens veulent jouer aussi , mais en douce. Tu croyais que c’était juste une baston entre bandes rivales, style règlements de compte de banlieues, mais ça dégénère grave. Voilà-t-il pas qu’en 1917, les sous marins allemands torpillent des navires de commerce américain, ah non pas ça , gueule Wilson du haut de sa présidence des Usa , il revient sur son principe de neutralité et lance son pays dans la bataille, envoie des troupes, de l’argent et plein de bons conseils pour cesser ce remue ménage qui s’éternise et dérange tout le monde, ce pourquoi il recevra le prix Nobel de la Paix en 1919 et mourra peu après épuisé de ses efforts, mais il en fallait plus pour être sur le mont Rushmore avec ses pairs, peut être que s’il y avait eu un peu plus de places il aurait été le 5eme, c’est ça l’Histoire avec une grande hache.

Toujours 1917 .Les russes de leur côté ne sont pas en reste, ils n’ont pas encore Poutine, et, pour se désennuyer se mettent à écouter un nerveux barbichu qui les pousse à se remuer sérieux, si on faisait la révolution par exemple ? Beaucoup sont d’accord, et comme on peut pas être à la fois à l’isba et à la datcha, ils rappellent tout le monde at home. Résultat des courses, les allemands privés d’ennemis à l’est , reportent leurs efforts contre la France et l’Angleterre, ce qui ne change pas ,car comme on sait : A l’ouest rien de nouveau .

Justement à l’ouest c’est à dire chez nous, les campeurs fatiguent, la piscine est dégueulasse, le ménage n’est pas fait, on n’a pas prévu de chauffage dans les tentes, et la bouffe n’en parlons pas , et puis surtout personne n’avait demandé à prendre d’aussi longues vacances. Certains s’énervent, renâclent, se mutinent quel joli verbe, se mutiner, et pourtant ça ne plaît pas , mais pas du tout, alors comme on n’a pas trop le temps de réfléchir et que ça sent sévère le roussi, on est bien obligé de les faire taire, d’abréger leurs désagréments en quelque sorte, tiens ils pourraient remercier quand on y pense, mais non, des ingrats.

1918 Et puis, tiens on se désigne enfin un chef de guerre unique , ce qui n’était pas le cas jusqu’ici d’où une certaine pagaie, tout le monde faisant la queue au guichet pour imposer ses idées. Ce sera Foch, vous savez celui de l’avenue . Il reste peinard jusqu’au 3 novembre premier jour de la révolution allemande, où l’Allemagne se réveille en pleine révolution la même que chez les ruskoffs, ça vous sent la dictature communiste à plein nez tout ça, faut agir. Les chefs de guerre pressent l’empereur d’abdiquer, laisse tomber le casque à pointes Guillaume 2 , fini de jouer.

Et donc l’armistice, du 11 novembre. On se bat pour compter les morts, on compte aussi les colossales sommes d’argent que la France doit aux USA, on se retrouve autour d’une table pour les pourparlers qu’on croit de paix . Les vainqueurs s’arrangent pour humilier les vaincus et l’avenir se prépare sur des bases pourries . Olé !

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